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Tournus : on dirait (qu’on va dans) le Sud (de la France)

Florence Hainaut
09.07.2020
Ça voyage !

Il y a les stakhanovistes qui font 8 ou 10 heures de route, droit devant, une pause sandwich mou et le GPS comme phare dans la nuit, avec Sète, Carcassonne ou Aix en ligne de mire. Et puis il y a les autres, ceux qui craignent les escarres et les coups de barre. Ceux-là migrent sans se presser et cherchent l’étape parfaite. C’est Tournus, en Bourgogne, évidemment.

D’abord parce que 6 heures de route depuis Bruxelles, c’est déjà pas mal. Ensuite parce qu’on trouve dans le coin un hôtel parfait et deux restaurants qui méritent qu’on y consacre le temps qu’ils méritent.

L’hôtel, c’est Aux Terrasses : pour le prix d’un Ibis ou assimilé, des chambres à la déco moderne mais pas froide, des douches italiennes qui donnent envie d’y passer des heures et des grands lits douillets où on dort comme jamais. Un établissement familial abordable qui enterre la plupart des chaines haut de gamme : tout y est parfait, cherchez pas la faille. Et la terrasse intérieure est sublime.

 

 

Le lieu est aussi, voire surtout, connu pour son restaurant. Le Chef, Jean-Michel Carette, a usé ses fonds de culotte dans la cuisine. Il a repris l’établissement et maintenu l’étoile obtenue son père. Il a ensuite fait de ce lieu l’une des tables les plus excitantes de Bourgogne. Il a gardé à la carte quelques plats signature en hommage au paternel, puis il s’amuse avec ses menus. 70 euros le petit (qui est pas si petit) et 110 le grand (qui est bien grand). Tu mangeras ce qu’il aura trouvé et promis, ça sera toujours sensationnel. Quatre visites au compteur et jamais un couac. L’autre jour, la fleur de courgette farcie aux saint-Jacques nous a retournés comme des crêpes. Et quel bonheur de retrouver son plat signature à lui, le comté râpé, mousse au vin jaune et pomme Granny, un truc inoubliable.

 

Jean-Michel ne transige pas sur la qualité et l’origine des produits qu’il cuisine. Lance-le sur le terroir et t’es parti.e pour la soirée. En plus il te raconte ça avec une voix de baryton totalement hypnotisante. Forcément, son amour des choses élevées proprement se ressent dans la carte des vins. Plein de bonnes références nature à des prix dont on rêve en Belgique, et encore plus dans les établissements de ce standing.

N’oublie pas que tu reprends la route demain, quand-même.

Si tu ne pars pas trop tôt, la boutique de l’établissement, juste en face, ouvre à 9h et c’est une pépite. Que des jolis objets design, pas seulement autour de la cuisine. Avec 15 euros tu peux te faire plaisir. Avec 1500 aussi, hein, c’est du design.

Au retour, comme des touristes, on s’y est pris trop tard et le resto était plein. Alors Jean-Michel nous a envoyés dans le resto de son pote, celui où il adore aller quand il a un jour off.  18 minutes en voiture dans un décor féérique qui fait couiner les citadins et on arrive à Chapaize.

Mes aïeux, que c’est beau, on dirait un faux village créé pour rassurer les nostalgiques de la France d’autrefois. On a même gambadé dans les champs en riant en slow motion tellement on était heureux.

Puis comme on était venus pour manger, on a trouvé Le Saint-Martin, le restaurant de Luc Ory.

4 entrées, 4 plats, 3 desserts et quelques pièces de viande selon arrivage. Que du local, sauf le saumon « mais il est fumé par un Ecossais qui vit dans le village d’à côté« .

On prend l’oeuf parfait aux girolles (12,5 euros) et le maki de chou (11,5 euros) au saumon de chez Smith (c’est l’Ecossais, j’imagine). C’est clairement un bistro de village qui fait genre qu’il paie pas de mine mais qui envoie des assiettes d’un niveau qu’on rêve de croiser plus souvent. Pour les vins, on laisse faire Luc et c’est très bien comme ça, il nous sélectionne quelques bouteilles de rouge léger (oui, nature, pardon, on se refait pas).

Au moment de choisir les plats, on découvre la silure, un poisson qui frétille dans la Saône et dont Google nous apprend qu’il a une tête que t’as pas envie de croiser la nuit. Par contre, en filet (16,5 euros), il est sexy. Il est accompagné de légumes, impossible de savoir lesquels avant d’être servi, t’es pas ici pour te poser des questions, laisse-toi faire. Le veau de Chapaize est cuit basse température et poché au bouillon d’un côté (19,5 euros) , en pavé de l’autre (21,5 euros). On rend les assiettes propres.

 

Fromage ou dessert, 7 euros chacun. Et un alcool d’orange amère que le patron nous offre. On termine la soirée plongés dans nos smartphones en regardant les prix de l’immobilier. Un coin comme ça avec un resto comme ça, si c’est pas tout ce dont tu as besoin pour être heureux dans la vie, alors je sais pas ce qu’il te faut.

Finalement on n’investit que dans l’addition. En se jurant de le refaire dès que possible.

Petit détail : Aux Terrasses, à l’hôtel comme au resto, et au Saint-Martin, tu peux venir avec ton chien. Ça te fait une belle jambe si tu n’en as pas, mais si tu en as un, c’est une info qui vaut son pesant de cacahuètes. Parce qu’une étape chien admis, c’est pas évident à trouver.

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Florence Hainaut

Florence est journaliste depuis 2006. Chroniqueuse, aussi. Formatrice, parfois. Elle parle de féminisme, de restos, de féminisme, de réseaux sociaux, de féminisme, de politique. Elle a des tatouages bizarres, tue régulièrement ses plantes vertes et brode des choses inavouables. Elle aime les menus (choisir c’est renoncer) et le vin nature, même quand il sent un peu.

Plus d'informations

  • France
Aux Terrasses, bistro, étoilé, gastronomique, Saint-Martin, Tournus

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