Dans sa BD « Carnets de bouffe », Cyril Doisneau fait le choix du temps long tout en humeurs pour raconter la scène culinaire montréalaise.
Certains repas n’ont pas besoin de six services pour faire savoir qu’ils sont bons. De la même manière, certains livres peuvent faire mouche avec peu de pages. Celui-ci en fait 64, mais nous laisse avec le goût d’une lecture vraie, privilégiée et tendre. L’illustrateur Cyril Doisneau vient de Nantes, mais a installé ses quartiers et ses crayons à Montréal, où il dessine autant qu’il mange. Dans la bande dessinée « Carnets de bouffe », il prend le temps de découvrir le Pastaga, le Pied bleu ou encore la pâtisserie Rhubarbe du comptoir aux cuisines.
Car il faut bien plus d’une visite, d’un menu, d’une addition pour s’approprier un restaurant, sa philosophie et les personnes qui le peuplent — et cela, Cyril Doisneau l’a bien compris. Dès lors, chacune de ses chroniques culinaires s’impose comme un séjour, plutôt qu’un repas: le dessinateur prend le temps qu’il faut, parfois une semaine, pour s’approprier les lieux et sa cuisine. Le résultat, ce sont ces belles planches avec juste ce qu’il faut de couleurs pour saisir un plat, un visage, une ambiance.
On aime cette bande dessinée soignée, mais pas prétentieuse, pour ses scènes de vie et sa sincérité. On envie aussi ces escapades lyonnaises en plein Montréal, l’hédonisme convaincu de tous les gourmets qu’on y croise et les ortolans de Mitterand. Enfin, pour sa couverture sublime, qu’on a envie d’afficher comme un idéal d’expérience de restaurant, toujours à portée d’yeux rincés par une soirée à feuilleter « Carnets de bouffe », sa nouvelle BD préférée.
« Carnets de bouffe » de Cyril Doisneau (2016), éditions La Pastèque.
À LIRE AUSSI
Spaghetti Wars : Journal du front des identités culinaires
Bonnes feuilles pour un feuilletage – Les secrets de Karen Torosyan