De quoi le faiminisme est-il le nom ? De l’asservissement des femmes par l’alimentation.
Dans cet essai anti-sexiste, la journaliste Nora Bouazzouni explique comment nourriture, sexe et genre féminin sont intimement liés.
Cela commence par l’invisibilisation des cheffes dans les médias, dans les classements étoilés ou les télé-crochets de cuisine. Est-ce que les femmes cuisineraient moins bien ? Non ! On leur laisse simplement la sphère familiale, peu prestigieuse, et aux hommes, le devant de la scène, la gloire. Ils deviennent les garants d’un savoir-faire culinaire, d’une tradition, alors que tous, à peu d’exception, situent l’origine de leur vocation dans la saveur d’un plat familial confectionné par maman…
Le problème se complique quand la publicité utilise des matrones anonymes pour vendre des produits simples ou peu transformés comme les confitures Bonne-Maman ou les yaourts Mamie Nova. On plante le clou quand les hommes sont eux, toujours présentés comme des experts avec leur titre et leur métier : Captain Igloo est un pêcheur et Père Dodu est un cuisinier avec toque et tablier. La cuisinière et le chef.
L’inégalité de traitement se retrouve aussi dans l’opposition : kilos superflus et appétit. L’injonction de la société ordonne aux femmes de picorer un buddha bowl en sirotant un smoothie au kale purgatif, quand les hommes se doivent de dévorer avec vigueur steak et patates. On a beau chercher, il n’y a pas de gène qui prédispose à ne manger que léger et detox.
Cet essai à la sauce chimichurri nous donne juste envie de voir et d’entendre des bataillons de cheffes, sommelières, critiques gastro, bouchères, fromagères nous parler de leurs inspirations et aspirations et non de savoir comment elles font pour garder la ligne avec toute cette nourriture.
L’espoir se tournerait vers l’écoféminisme, où l’exploitation de la nature et celle des femmes sont un même combat. Les écoféministes prônent un respect de la nature et des personnes. Ce respect pourrait commencer par ne pas demander à une cheffe comment elle arrive à faire une cuisine si féminine et délicate alors qu’elle doit jongler entre vie de famille et carrière. Car il n’y a pas plus d’assiette féminine que de vin masculin.
Faiminisme de Nora Bouazzouni chez Nouriturfu
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