Depuis près de trois ans, Nouriturfu publie des livres qui pensent l’alimentation et la cuisine de demain.
Un hashtag stylisé en guise de logo et un nom-valise qui aurait tout aussi bien pu être le titre d’un morceau de PNL : la maison d’édition Nouriturfu parle au futur de ce qui nous nourrit au présent. À l’avant-garde, sans aucun doute, Anne Zunino, Maréva Saravane, Antonin Iommi-Amunategui, ses fondateurs, ont imaginé un foyer pour tous les concepts barrés, mais sensés, qui racontent la bouffe. Comme ce guide des vins dont vous êtes le héros, qui parlera aux gamins des années 80 — sauf que maintenant, ils ont le droit de boire. Ou Faiminisme, le livre qui rappelle que le futur sera femme — et que ces dernières mangent, cuisinent et produisent, elles aussi. Ou encore Vigneronnes, qui fait confiance à une Belge — la succulente sommelière et caviste Sandrine Goeyvaert, qui est aussi l’une de nos autrices — pour dresser le portrait d’une profession plus féminisée qu’il n’y parait, dans un secteur où on a longtemps voulu souligner que le vin était une affaire de Français et d’hommes.
La ligne de Nouriturfu est affirmée, délurée et agréablement pleine d’opportunités : celle, notamment, de lire la nourriture autrement qu’à travers des ouvrages doctes ou des livres de cuisines, qui ont fait l’essentiel de la littérature qui se mange ces dernières années. Une maison d’édition qui n’hésite pas non plus à sortir des pages pour se présenter en chair et en os, au festival itinérant « Sous les pavés la vigne », par exemple. Dernier évènement en date : le tout nouveau « Mi-livre mi-raisin », un rassemblement qui fait se rencontrer les amateurs de belles feuilles et de bonnes quilles. Des initiatives qu’on aimerait voir de temps en temps remplacer les séances de dédicaces sans saveur en Belgique, histoire de dire qu’on aura nous aussi goûté au futur.
Trois ans après le début de cette aventure aussi goinfre qu’intelligente, voici au moins quatre livres à mettre dans sa bibliothèque ou sous le sapin.
La pire espèce
C’est une rareté chez Nouriturfu : un roman, un premier qui plus est. Celui de Fabien Granier, qui plonge la plume dans le rural pour parler d’hommes et de bêtes, d’hommes qui sont des bêtes et de bêtes par endroit bien trop humaines.
Plaidoyer pour le vin naturel
Si la maison d’édition a une mascotte, c’est bien Eric Morain. Avocat habitué des affaires qui incriminent des vignerons libres, il a sorti chez Nouriturfu un plaidoyer radical, mais non moins dénué d’humour sur le vin naturel. Une bonne idée pour beau-papa qui ne jure que par les bons vieux bordeaux.
Cheffes
Une autre marque de fabrique de l’éditeur, ce sont ces guides-catalogues à toujours garder sous la main. Celui-ci est le fruit du travail et de l’engagement de Vérane Frédiani et Estérelle Payany, deux journalistes convaincues que les femmes chefs existent bien — il faut juste savoir où les trouver.
Spaghetti Wars
Le livre de Tommaso Melilli est de ces essais très personnels qui font la singularité de Nouriturfu. Dans un français parfait, cet Italien investigue le point de rencontre entre identité, culture et cuisine.