Comme dans beaucoup de secteurs, les effets d’annonce un peu désordre de nos gouvernements n’ont pas manqué dans le secteur de la restauration. De même, les restaurateurs sont restés longtemps dans l’ignorance des mesures à appliquer dans leurs restaurants. Depuis vendredi dernier, on connaissait la plupart de ces normes, depuis ce mercredi 3 juin, le CNS a confirmé la date de réouverture, le 8 juin, ainsi que la bulle sociale admise au restaurant, à savoir, une bulle élargie, mais une bulle quand même, avec des tables de max 10 couverts.
Le secteur est à bout, et, tant les patrons – souvent à court de trésorerie sans que les mesures prises ne puissent vraiment y pallier – que les travailleurs du secteur pour lesquels le chômage temporaire rend parfois vie quotidienne ingérable attendaient cette reprise. On a d’ailleurs vu, en marge du travail souvent discret (et parfois contesté) des représentants du secteur, émerger des mouvements spontanés de colère, comme récemment l’action « assiettes vides »; une image forte, bien relayée dans les médias, mais en marge des représentants officiels du secteur. Pour autant, les représentants sectoriels « classiques », trop discrets pour certains, on l’a dit, ont accouché de ce fameux protocole de réouverture, qui, rappelons-le est le résultat d’un travail d’équilibriste à la belge entre patrons, syndicats (les partenaires sociaux en langage technocratique de chez nous) validé par les experts du GEES et entériné par le CNS.
Parmi ces mesures, la distanciation d’au moins 1,5 m entre les tables, la désinfection de tout ce qui comparaît à table (sauf les convives, vous gérerez vous-mêmes vos soucis d’hygiène perso), le port du masque par les personnes chargées du service, les cartes « désinfectables » ou virtuelles…mais plus de… trace de l’obligation de tracing évoquée la semaine dernière. A cela s’ajoute un package « financier » de l’ordre des petites bulles d’oxygène plutôt que de la bouffée, mais wait and see, d’autres mesures pourraient tomber.
Si on veut vraiment déranger les mouches, on remarquera la légère contradiction entre les fameuses « règles d’or » sociales répétées encore hier à la conférence de presse du CNS et les règles applicables dans le horeca. En effet, une des règles d’or voudrait que même si on peut faire maintenant péter la bulle sociale à 10 personnes différentes chaque semaine, il faille maintenir la distance physique de 1.5 m, (sauf pour les personnes vivant sous le même toit, évidemment). Or, au restaurant, c’est entre les tables qu’il faut 1.5 m, pas entre les gens d’une même table, et tant mieux.
Qui plus est (on se reportera pour cela au dossier « écoles ») on sait que toutes ces règles, certes nécessaires, ont une capacité évolutive de plus en plus rapide, vu la constante diminution de la circulation du virus ces derniers jours.
Les restaurateurs vont-ils, dans ces conditions qui rendent le job encore plus « labour intensive » pouvoir exploiter leurs établissements de manière rentable, sachant que la distanciation des tables va réduire le nombre de couverts qu’ils peuvent accepter par service ?
Et ce restaurant aseptisé (moins que prévu, mais quand même, avec notamment le port du masque par les serveurs) il aura quel goût?
Le Belge a en tout état de cause envie d’y goûter, même aseptisé, car (selon une étude d’Edenred) il est tout à fait prêt à retourner au restaurant.
Nous aussi chez Ca Nous Goûte, et comptez sur nous pour vous reparler de restaurants qui nous excitent dès la semaine prochaine!