Un sandwich ? Et le reste ! Dans son guide culinaire façon manga, l’auteure Yôko Hiramatsu nous donne envie de tout goûter, tant chaque page fait saliver. Road trip à travers les secrets les mieux gardés de la cartographie gastronomique japonaise. Le tout depuis notre salon, confinement oblige.
« Un Sandwich à Ginza » nous emmène de Tokyo à Nagasaki, via notamment Kyoto et Osaka, en quête d’adresses authentiques. Plus que jamais, la gastronomie japonaise apparaît comme un monde foisonnant, aux ressources inépuisables : art de vivre, cérémonie du souvenir, occasion de célébrer le présent et d’entrer en relation avec les autres.
Dévorer six gyozas autour d’une bière – belge ! – bien fraîche dans le quartier tokyoïte de Jimbôchô, savourer de l’anguille nature à la vapeur ou grillée en sauce à Narita, et même manger de l’ours – oui, de l’ours – en plein hiver dans les montagnes de Shiga. Toutes ces expériences sont possibles au festin littéraire concocté avec maîtrise et sensualité par Yôko Hiramatsu.
En guise de plat de résistance, parlons du fameux sandwich qui donne son titre au livre. D’abord, on ne s’étonnera pas de l’appropriation culturelle d’un plat par le Japon. C’est une caractéristique récurrente et réjouissante de la cuisine nipponne, de la tempura au ramen. Ginza est un quartier de Tokyo réputé pour la simplicité et la droiture de ses habitants, qui accueillent les visiteurs avec chaleur et sans fioriture. L’art du sandwich à la japonaise y est porté à son paroxysme. « Au cœur de Ginza, la fièvre du sandwich couve. » Vous contaminera-t-elle ? (Pardon.)
Retrouvons ensuite Yôko aux prises avec un sandwich à la croquette de crevettes roses, dont « la croûte savoureuse libère une farandole de crevettes toutes chaudes, dodues et moelleuses ». Puis avec un sandwich grillé au jambon saupoudré de persil frais. En mode tradi, elle propose un classique, l’American Club Sandwich. Et aux téméraires, elle vante les mérites d’un sandwich aux fruits et à la crème chantilly de chez Sembikiya.
Déjà au dessert, et on ne vous pas encore parlé des merveilleuses illustrations de Jirô Taniguchi, qui donnent à l’ouvrage des allures de manga. En bref, une expérience sensorielle totale autant qu’une description des us et coutumes au pays du Soleil Levant.
Yôko Hiramatsu, « Un Sandwich à Ginza », illustré par Jirô Taniguchi, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako – qui a fait un super taf –, Éditions Picquier, 2019, 256 p., € 20