Il était une fois un cèpe, dodu comme un dindon, qui – je le jure – m’a regardé en miaulant, du fond de son cageot. « Il vient d’Ardèche », grogne le vendeur à moitié amène des Halles de Sète.
C’est la saison des cèpes et peu de choses m’émeuvent autant. Quelques semaines de bonheur, quand les éléments se sont arrangés pour créer les conditions climatiques favorables à l’apparition dudit champignon. Qui coûte un bras, certes. Mais quand il est bon marché, c’est souvent une éponge fade importée de bien trop loin. Donc tant qu’à faire, mangez de l’éponge, c’est moins cher.
J’en achète donc un seul. Immense. Il sera dûment gratté et coupé en grosses tranches qu’on fera revenir dans le beurre avec deux gousses d’ail préalablement écrasées (histoire qu’elles libèrent leurs arômes), puis parsemé de persil.
Avec les parures du cèpe (les petits morceaux qui ne faisaient pas de jolies tranches), on improvise un paillasson géant, avec des pommes de terre râpées, un peu de parmesan, de l’ail (encore) et du beurre en petits dès. Le tout étalé sur une plaque et passé une vingtaine de minutes sous le grill à 210 degrés.
Puis un œuf mollet, parce que depuis qu’on fréquente Myriam Baya et qu’on se nourrit principalement en s’inspirant de son blog « La cuisine c’est simple », on carbure aux œufs mollets (c’est 6 minutes dans l’eau bouillante, et avec un peu de bicarbonate de soude pour les écailler plus facilement).
Le pied du dodu dindon est croquant et goûte franchement la noisette, le chapeau est fondant, le paillasson affolant. On termine la plaque à la fourchette, en grattant tout ce qui est grattable.
Avec ça, on ouvre une bouteille de « Plein les Ceps » de chez La cave Apicole. A la base, pour le jeu de mots, mais ce grenache ni vraiment rouge, ni vraiment blanc et certainement pas rosé s’avère être un accord parfait. C’est aussi LA référence qu’on a envie de citer en exemple chaque fois qu’on essaie d’expliquer que ce qu’on adore, dans le vin nature, c’est le côté glouglou, tu vois, le côté « revenez-y », quand tu finis la bouteille comme tu finirais ton verre. On dit aussi « buvabilité » mais c’est un peu moche.
Et puis la saison des cèpes est si courte, buvez ce que vous voulez avec, mais dépêchez-vous.