Certes, je suis peut-être un peu trop enthousiaste et il n’était sans doute pas nécessaire de laisser un chargeur d’iBrol et une brosse à dents chez Rebel, au cas où j’y passerais ma vie. Mais c’est le bar bruxellois qui me manquait. Et je l’aime déjà d’amour.
Derrière ce micro endroit (12 tabourets, un bar et une promiscuité qui invite à la rencontre), il y a Léo Robert, le désormais ex-sommelier de chez Ötap pour qui j’ai une admiration toute « Lassie chien fidèle » et Paulo Bertin, patron dudit restaurant, Chef nouvelle génération, donc avec humour et sans souci d’égo. Deux types qui n’ont pas 25 ans mais des tas de bonnes idées qui font du bien à l’horeca bruxellois (comme Grain qui fait un parfait pain au levain). Rebel, c’est leur bar à vin (nature) avec option grignotage de luxe. En cuisine, Naomi Nsungu, formée chez Maxime Colin puis chez Ötap, vient compléter le casting (de rêve).
Pas de cubes de gouda et de bâton de berger à l’horizon, mais des fromages et charcuteries de chez Saint Octave (une maison dont il faut que je vous parle) servis avec un pain maison et un beurre à l’ail noir, un tartare de bar incroyable (11€), des croquettes de cochon sauce aux poivres (10€), un affolant turbot baigné de beurre (14€), des champignons des bois à la crème de parmesan (10€) : de la vraie cuisine, ultra élaborée et à des prix de snack.
La carte des vins ? Un mur rempli de bouteilles dont les étiquettes feront bouger le cul des andalouses connaisseuses. Et puis les conseils de Léo, toujours avisés. Contrairement à l’étrange épidémie qui semble avoir touché les bars à vins bruxellois, ici on ne se sucre pas sur les prix. Ça reste des bouteilles de qualité, venant de vignerons qui les produisent en petite quantité, donc pas de vinho verde à 12€ le pichet. Les bouteilles commencent à 30€, au verre comptez entre 5 et 7€. On a bu un Salvaje Blanco, un sauvignon espagnol qui fait aimer le sauvignon et Sarment Pepper, un pinot d’Auvergne complètement barré comme j’aime.
Les nostalgiques des premiers endroits à vin nature bruxellois, lassés de l’embourgeoisement, déçus par les fermetures, retrouveront ici ce qui n’existe (quasi) plus ; un endroit où règne un joyeux bordel, relativement démocratique, avec des vins que tu as jamais bu ailleurs et des gens qui savent en parler. Typiquement le bar où tu entres à 17h30 pour faire quelques photos pour cet article et dont tu sors à minuit, ivre de bonheur.